Émilie Lapprand

Transition énergétique : sommes-nous à la hauteur ?

Edito de Pierre Julien COURNIL, Directeur Mobilisation et communication – Novembre 2024

Je ne crois pas nécessaire de refaire l’inventaire des démonstrations dramatiques et accablantes du réchauffement climatique en cours. Ni de rappeler par le menu qu’il n’existe pas à l’heure actuelle, d’alternative crédible à la sortie des énergies fossiles pour lutter contre ce phénomène.

Or, et je ne vous apprends rien, l’heure n’est pas à l’optimisme. A l’international, la trajectoire n’est hélas pas la bonne (cf débats COP29). Pire, les promesses faites aux industries des énergies fossiles par le tout récemment réélu Donald Trump à la présidence des États-Unis risquent de nous embarquer dans une magistrale sortie de route1.

En France, la préparation du budget de l’Etat 2025 prévoit un recul des investissements pour la transition écologique (moins 1,9 milliards d’euros alors qu’il devrait augmenter a minima de 10 à 12 milliards par an pour rester dans les clous de l’accord de Paris)2.

Et chez nous, à notre échelle, qu’en est-il ? Comme le propose cet adage de Marc Aurèle : « Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l’être mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre ». Si nous, acteurs de la vallée de la Drôme (habitant.e .s, entreprises, collectivités, associations) n’avons évidemment et collectivement pas le pouvoir de sauver le monde, nous avons toutefois notre part à faire.

L’adhésion de l’association Biovallée et des intercommunalités à la démarche « Territoire à énergie positive » (TEPOS) traduit leurs stratégies en matière de lutte contre le changement climatique. Adhérer à TEPOS, c’est viser un territoire neutre en carbone et 100% ENR à l’horizon 2050.

L’adoption de cette stratégie a été progressive ces deux dernières décennies. Nous ne pouvons que nous féliciter de cet engagement auquel notre coopérative entend également contribuer (pour 30% du total des objectifs à atteindre – cf programme Territoire d’Innovation Biovallée). Cette démarche nous a dotés d’une trajectoire concrète et adaptée aux enjeux spécifiques de notre territoire. Avec elle nous connaissons précisément quelle est la part de l’effort à faire pour et par la vallée de la Drôme dans la transition énergétique (en quantité d’énergie à économiser, -50%, et en énergie renouvelable à produire, +300% environ par rapport à 2019).

En corollaire, nous savons également que ne pas atteindre ces objectifs TEPOS c’est donc contribuer, à notre échelle, à atteindre +5 voire +6°C, ou plus, d’augmentation par rapport à l’aire préindustrielle d’ici 2100 (cf rapports du GIEC). Même si nous parvenons à faire la moitié du boulot, nous échouerons, pour notre part, à préserver l’habitabilité de notre planète. Pour nos enfants, pour le vivant, nous n’avons donc pas le droit de rater la cible.

Alors, plus de 10 ans après les premiers engagements pris dans notre vallée, n’avons-nous pas collectivement la responsabilité de tirer les premiers bilans ? Ne faudrait-il pas se préoccuper de savoir si nous sommes sur la bonne voie ou si, au contraire, nous faisons fausse route ?

C’est précisément la réflexion que je vous propose d’engager par cet édito. Et le constat est implacable…

A l’heure actuelle, et malgré les efforts consentis par les différents acteurs impliqués dans la transition énergétique locale, le décrochage par rapport à la trajectoire TEPOS est significatif. Si nous poursuivons sur cette lancée nous ne parviendrons qu’à 45 % de l’objectif en matière de production d’énergie renouvelable à horizon 2030 (Source : Analyse Impuls’ER), décalant le gros de l’effort (et quel effort!) sur la période 2040-2050. Du coté des consommations d’énergies, l’empreinte territoriale n’a même pas commencé à diminuer.

Pour l’illustrer, et en ce qui concerne notre coopérative, à l’échelle de la vallée de la Drôme, nous devrions, en septembre 2024, disposer d’une puissance de production photovoltaïque de 5 500 kwc pour rester sur la trajectoire TEPOS. La coopérative accuse un retard d’environ 40% de puissance installée. Pourtant cette puissance a été multipliée par 2,5 en 2 ans (soit plus du doublement de la puissance de ses installations par an).

dwatts octobre 2024


Côté collectivité, le constat est équivalent, même si celui-ci connaît des disparités d’une intercommunalité à l’autre et qu’il n’est pas nécessairement assumée de la même façon.


Source : CCD / commission énergie Diois

A DWATTS, il ne faut pas plus que ce constat (amer) pour nous interroger profondément. Comment faire plus, mieux et plus vite ? Comment rattraper ce retard qui s’accumule et qui rend toujours plus difficile la transition dans les temps ?

Autant vous dire que nous ne sommes pas à l’aise avec la question. Pourtant vous trouverez dans cette lettre d’info des débuts de réponses concrètes (exemple de la turbine à Aouste, de la réappropriation du parc éolien de la Seauve par les habitant.e.s, la première saison de chauffe d’une nouvelle chaudière citoyenne). Vous lirez les décisions prises par notre coopérative, difficiles et parfois à regret (comme le choix de ne plus financer directement les petits projets photovoltaïques de 9 kWc mais simplement de les accompagner pour concentrer nos moyens financiers sur les projets à plus fort impact). Néanmoins vous ne trouverez pas de solutions miracles. Il faut admettre que malgré tous nos efforts, malgré un développement rapide et remarquable de nos activités, nous ne sommes pas (encore) à la hauteur de l’enjeu. Toutefois, je veux croire qu’affronter cette réalité, dure, rude, déplaisante, constitue un passage obligé vers l’imagination de nouvelles stratégies, de nouvelles solutions.

Côté collectivités locales, les contraintes sont lourdes (et particulièrement financièrement par les temps qui courent). Cela explique une part des difficultés rencontrées. Mais elles n’expliquent pas tout. L’adoption de nouveaux Plan Climat (PCAET) ou autre Schéma de Directeur des Énergies Renouvelables (SDER) va évidemment dans le bon sens. Mais ces nouveaux plans ne doivent pas masquer notre retard.

Nous devons prendre collectivement la mesure de l’insuffisance des résultats obtenus jusqu’à présent, de notre incapacité à relever pleinement le défi de la transition énergétique dans l’ensemble de la vallée. Nous le devons pour espérer, demain, faire plus et mieux.

Alors, oui, la marche est haute, très haute.

Oui, les économies d’énergies que nous devons faire vont bouleverser nos modes de vies.

Oui, la transition énergétique va transformer nos territoires et nos paysages.

Oui, nous ne savons pas complètement comment nous y prendre pour techniquement mettre en œuvre et financer cette transition.

Oui, la question de l’acceptation sociale de ces changements est à la fois délicate et à fort enjeu d’un point de vue sociétale.

Oui, la transition énergétique n’est pas une sinécure (mais les conséquences du changement climatiques sont tout simplement insupportables)

Oui, ces affirmations nous mettent face à nos limites, face à nos craintes et à nos doutes.

Pour relever le défi, soyons clairvoyants et solidaires. Prenons conscience, que toutes les initiatives sont bonnes à prendre, qu’elles ne sont pas concurrentes, qu’elles sont complémentaires. Mesurons, au combien, nous avons besoins de toutes les bonnes volontés.

Seule l’alliance de l’action publique et citoyenne peut garantir une transition énergétique à l’image du territoire et à son profit. Seul notre solidarité et nos coopérations locales pourront empêcher que notre patrimoine naturel et sociale soit la proie de promoteurs et d’investisseurs désincarnés et désintéressés du sort de notre vallée. C’est également des réflexions qui sont menées au sein de l’association Biovallée, avec notamment une conférence « La coopération : clé de la réussite ? » ce mercredi 27 novembre prochain.

Puisse cet édito contribuer à voir la réalité en face et nous exhorter à accélérer ensemble l’indispensable transition énergétique dans notre vallée.

Pierre Julien COURNIL, Directeur Mobilisation et communication

-> Lire l’ensemble de la lettre d’information de novembre 2024.

DWATTS

  1. article du Courrier international du 07/11 « Donald Trump, une catastrophe annoncée pour le climat » ↩︎
  2. article Reporterre du 11/10/2024, Budget 2025 : « La somme dédiée à la transition écologique n’est pas à la hauteur » ↩︎
Publié par Émilie Lapprand dans Coopérative

Particuliers et petit tertiaire : notre offre photovoltaïque évolue !

novembre 2024


Depuis le démarrage de dwatts il y a maintenant 8 ans (!), nous avons toujours tenté de répondre aux attentes de tous les acteurs du territoire. Aujourd’hui notre offre photovoltaïque évolue pour les « petits » projets afin de continuer à accompagner le passage à l’acte et la transition énergétique par tous et toutes.


La baisse des prix du photovoltaïque et ses conséquences pour les offres de dwatts

Cela fait maintenant longtemps que les prix du photovoltaïque diminuent. Cela s’explique par le progrès technique mais aussi les capacités de production toujours plus importantes pour accompagner le déploiement du photovoltaïque partout dans le monde. En France, le mécanisme de soutien de l’État (appelé Obligation d’Achat) s’adapte aux conditions économiques générales. Il essaie de maintenir une rentabilité nécessaire et suffisante aux personnes qui investissent dans le photovoltaïque. La baisse des prix des matériels se traduit ainsi par une baisse des prix d’achat de l’électricité produite.

Ce constat valable pour les installations de toutes tailles (et suivant notamment l’utilisation massive de matériel asiatique, voir notre article sur le sujet), est particulièrement vrai pour le segment des installations d’une puissance inférieure à 9 kWc (50 m² de panneaux environ).

Au sein de dwatts, le temps nécessaire pour mener à bien l’étude, le tiers-financement de toitures de 9 kWc reste le même. Le coût de ces « petites » toitures a donc augmenté pour notre coopérative.

Ainsi, notre offre a du évoluer. En dessous de 150 m² de toiture, nous proposons un accompagnement personnalisé (cf ci-dessous) et non plus du tiers-investissement (encore appelé location de toitures). Ainsi, notre dernière toiture de cette taille a été mise en service et location à Soyans en juin dernier… Nous étions déjà une des dernières (la dernière?) coopérative citoyenne à réaliser de si petits projets.

Une des dernières installations 9kWc de dwatts à Die.

Accompagner autrement le passage à l’acte des particuliers

Finies donc le tiers-financement des « 9 kilos », comme nous appelons entre nous ces petites installations photovoltaïques. Pour autant nous ne voulions pas « juste abandonner » ce segment. Il représente un axe significatif du développement photovoltaïque, surtout en territoire rural où les grands bâtiments ne sont pas légion. La mobilisation des toitures de toutes tailles est essentielle afin de limiter l’emprise du photovoltaïque au sol (tout en atteignant nos objectifs de transition)

Il nous paraît donc important de continuer à jouer un rôle de facilitateur de transition énergétique pour tout le monde, y compris les particuliers. Il peut en effet être parfois difficile de s’y retrouver seul.e en face de professionnels de l’énergie. Il n’est pas toujours évident de comprendre les différentes possibilités, de calculer l’amortissement de votre installation en fonction du tarif de revente ou d’autoconsommation individuelle… Ainsi un nombre conséquent de particuliers n’installent finalement jamais de panneaux sur leurs toits alors que les « petites » installations peuvent rester intéressantes. En effet en tant que particuliers, vous pourriez ainsi consommer directement l’électricité produite par vos panneaux (autoconsommation individuelle) et économiser sur vos factures d’énergies. C’est bon pour la planète et votre porte-feuille, n’attendez pas !

Pour celles et ceux qui en ressentent le besoin, nous pouvons donc vous accompagner dans votre projet afin de faciliter le passage à l’acte1. Nous réaliserons cet accompagnement avec les équipes d’Impuls’ER. L’accompagnement pourra ainsi se faire avec un bon niveau technique et reprendre les enjeux portés par la coopérative : mise en avant des installateurs locaux sociétaires, regard éclairé sur la provenance des matériels, équilibre économique et maximisation de la production locale…

Cet accompagnement technique (mais pas que) est ainsi proposé principalement aux particuliers et aux petites entreprises avec les tarifs suivants :

Taille projetSurface projetTarifs HTTarifs TTC
< 6 kWc~ 30 m²1 000 €1 200 €
< 9 kWc~ 50 m²1 500 €1 800 €
< 36 kWc~ 180 m²3 000 €3 600 €
>36 kWc> 180 m²8 % de
l’investissement

Prolonger l’action avec l’autoconsommation collective

Au-delà du passage à l’acte en vous accompagnant dans l’installation de panneaux photovoltaïques sur votre toit, c’est une action de transition plus large que nous vous proposons de mettre en œuvre chez vous.

En effet, en plus de votre installation photovoltaïque, vous pourrez rejoindre la démarche initiée sur l’ensemble de la vallée de la Drôme autour de l’autoconsommation collective (voir ici et par exemple). Ainsi, en plus de votre production photovoltaïque, vous aurez également accès à l’électricité produite à coté de chez vous par d’autres installations de la coopérative.

Autant de possibilité pour vous permettre de développer la production photovoltaïque sur le territoire, et de maximiser votre consommation d’énergie renouvelable locale !

Ma propre énergie @Energie Partagée – Audrey Collomb
Ma propre énergie @Energie Partagée – Audrey Collomb

Contactez-nous par mail (contact[at]dwatts.fr)ou avec le formulaire de contact.

1Concernant les entreprises, un appui public peut être envisageable sur la CCCPS et la CCCVD, voir ICI.

Publié par Émilie Lapprand dans Photovoltaïque

Les chantiers citoyens et l’énergie hydraulique dans la basse vallée de la drôme

novembre 2024

Entre le col de Cabres et Livron/Loriol, la vallée de la Drôme regorge de sites où l’énergie hydraulique a été captée, récupérée et utilisée depuis le moyen âge. De nombreux sites ont disparu mais il en reste beaucoup, soit en activité, soit sous forme de traces. Cette énergie fait donc partie de notre patrimoine. Intéressons nous à cette énergie dans la basse vallée de la Drôme à travers le regard de Jean Noël Breuil, président de l’association des amis des chantiers citoyens d’Aouste sur Sye.

De l’importance de l’énergie hydraulique, l’exemple d’Aouste sur Sye.

Ce village d’Aouste sur Sye, que connaît particulièrement bien M. Breuil, réunit déjà plusieurs exemples d’utilisation historique de l’énergie hydraulique. La commune est traversée par plusieurs cours d’eau, la Sye mais aussi la Drôme.

Ainsi, dans les années 1300 un foulon ou moulin à foulon apparaît sur le site occupé par l’ancienne usine de sacs en papier (Lambacel). Un foulon de quoi ? Nous ne pouvons faire que des suppositions, peut-être un foulon de lin ou de peaux ou de papier.Il était alimenté par un canal situé en rive gauche de la Sye et une prise d’eau en dessous du lotissement des Chabanas. Une équipe des chantiers citoyens a retrouvé ce canal et l’a débroussaillé.

En rive droite de la Sye, un canal faisait tourner une usine. Ce second canal alimente toujours environ 140 jardiniers utilisateurs de cette eau. Une turbine électrique est toujours en fonctionnement au nord d’Aouste sur la route de Cobonne.

@Aouste histoire et patrimoine

Grâce au moulin à farine APAIX installé sur la Sye, la commune a été éclairée vers 1890 avant Valence ! En effet, le meunier disposait de trop de puissance, ce qui lui a permis de vendre de l’électricité.

Une énergie présente historiquement dans la basse vallée de la Drôme.

L’énergie hydraulique est emblématique du développement économique d’une partie de la vallée. Elle illustre également les liens nécessaires entre les différentes communes afin de permettre des installations utiles aux différents acteurs de la vallée.

Ainsi toujours à Aouste un canal en rive gauche de la drome alimentait l’usine Achard vers la gare. Un canal se poursuivait en direction de Crest en rive gauche de la drome, d’anciennes vannes sont encore visibles vers la déchetterie intercommunale.

A Mirabel et Blacons, l’énergie hydraulique permettait aux usines LATUNE de fabriquer le papier utilisé par Voltaire. Sans compter les moulinages et l’usine qui a fabriqué les billes en terre et en pierre de notre enfance. Au hameau des Berthalais une turbine alimentée par conduite forcée est en activité au musée agricole.

Papeteries Latune, Mirabel

Une prise d’eau située sur la Drôme en rive droite en face de la mairie d’Aouste alimentait un canal qui faisait tourner les usines (tanneries, papeteries…) de Crest et se poursuivait jusqu’à Livron.

A Livron ,le patrimoine hydraulique est très riche (50km de canaux !). Il reste une superbe roue ainsi qu’une remarquable taillanderie1 qui comporte 3 roues hydrauliques. Tous les équipements avaient été abandonnés vers 1970 lors de la fermeture de l’atelier.

Retour à Aouste sur Sye, de l’énergie citoyenne pour remettre en fonctionnement une centrale hydraulique.

En 2018 un groupe de citoyens s’est constitué pour réaliser des projets collectifs dans un esprit de convivialité : l’association des amis des chantiers citoyens . L’idée est de reproduire ce qui se passait dans le monde paysan il y a 40 ou 50 ans. On s’entraide en travaillant ensemble puis on casse la croûte autour d’une même table !

La première réalisation a été la construction d’un four à pain communal derrière la salle des fêtes, en pensant à fournir un stock de bois bûcheronné également. Puis les chantiers citoyens ont reconstruit la maison du gardien des vannes vers le petit parc : toit effondré, murs fendus et qui s’écartaient, porte ruinée.

Le Crestois, centrale électrique Lambacel 
@ Le Crestois, Les équipes de SM-Hydro et les Amis des chantiers extraient la turbine, 04-23

L’association s’est lancée dans le projet de la « centrale électrique Lambacel » en 2023-2024. Ce projet fera l’objet d’un prochain article spécifique. En substance, il s’agit d’une turbine située en bordure de Sye au bout du canal de la Gervanne. Elle est alimentée par ce canal et par le canal rive gauche de la Sye (cité plus haut). Le projet consiste à essayer de remettre en état cette centrale de 90 kW électriques arrêtée en 1972 et envahie par la boue.

Jean Noël Breuil, Président de l’association des amis des chantiers citoyens.

1 taillanderie = fabrication de taillants : haches, serpes, faux …

Publié par Émilie Lapprand dans Hydraulique

Sortie nature au pied des éoliennes de la Roche sur Grâne

Octobre 2024

Habituellement, pendant une bonne ballade, on court, on papote. Ou encore on rêvasse ou on recherche (c’est la saison) des comestibles à préparer pour le dîner… L’association Sous les éoliennes a proposé une ballade naturaliste. Cela a permis de découvrir autrement le parc éolien de la Seauve à la Roche sur Grâne.

Épisode 1, sortie nature et inventaire de la biodiversité au pied des éoliennes

Pour vraiment voir ce qui nous entoure, il faut prendre son temps et être accompagné d’interprètes capables d’attraper délicatement un insecte pour nous le présenter, de reconnaître un oiseau par son chant, ou d’identifier une jeune pousse d’arbre en sous bois. C’est ce qui nous a été proposé lors de la première sortie nature et inventaire de la biodiversité ce cinq octobre 2024, au pied des éoliennes de La Roche sur Grâne. Maxime Roumazeilles, de Nature au cœur, nous a guidé pendant cette déambulation d’une journée.
Compte tenu de la date, il s’agissait principalement d’observer les orthoptères (sauterelles, grillons, criquets). Sur le site d’une vingtaine d’hectares, le groupe a fait des observations au fil de stations dans quatre milieux différents : à l’entrée du site (chemin caillouteux), en sous-bois de chênes pubescents, le long du cheminement de l’oléoduc et enfin dans une pelouse sèche en cours de fermeture, au milieu du massif.

@ S. Gouraud
@ S. Gouraud

Sur cette parcelle le groupe a réalisé un chronoventaire, protocole normalisé d’inventaire participatif. Une démarche scientifique, des clés de détermination et des espèces identifiées, et au cours de cette heure studieuse, l’étonnement constant devant le nombre et la diversité des insectes (qu’on ne réussissait pas souvent à attraper…) et des araignées présentes dans les herbes denses de la prairie.

La suite des épisodes, une redécouverte progressive du milieu sur le parc éolien de la Seauve

L’expérience sera reconduite trois fois par an, pour admirer et comprendre une nature sous climat méditerranéen et propre à la vallée du Rhône. Il s’agit également d’observer l’évolution d’un milieu pâturé au début du 20ème siècle, refermé en forêt par déprise agricole, dont certaines zones ont été défrichées pendant les travaux du parc éolien.

L’étude d’impact du projet avait identifié les pelouses sèches du site comme espace à protéger.

@ S. Gouraud

Est-ce que le cortège faunistique et floristique de ces pelouses à Xerobromion1 pourrait coloniser les nouveaux espace ouverts ? On a évoqué des corridors écologiques et un retour au pastoralisme sur le site comme autant de pistes susceptibles de favoriser un retour à ce milieu d’intérêt patrimonial.

D’autres animations viendront permettre de mieux connaître le site de La Seauve à La Roche sur Grâne. La colline héberge des éoliennes, une ligne haute tension, un gazoduc et un oléoduc. Elle voit passer le TGV sous le tunnel de Tartaiguille. C’est l’occasion de parler d’énergie, de réseaux, des paysages qui y sont associés. Autant d’enjeux de transition à interpréter sur un seul lieu !

Pour être tenu.e.s informé.e.s, vous pouvez suivre l’association Sous les éoliennes à travers leur compte face book ou écrire à sousleseoliennes@gmail.com .

FOCUS : Quels imaginaires autour des énergies renouvelables ?
Une éolienne, vous trouvez ça beau ou moche ? Utile ou inutile ? Qu’est ce que ça évoque pour vous ? Qu’est ce que cela peut toucher en vous ?
Au delà des éoliennes, c’est l’ensemble des représentations -imaginaires – que chacun.e a sur les énergies renouvelables que Sous les éoliennes et dwatts vont travailler ensemble dans les mois à venir.
Identifier ensemble nos imaginaires respectifs, les mettre en débat, échanger pour comprendre l’histoire énergétique de notre territoire et peut-être imaginer avec vous des futurs communs sur les énergies renouvelables … Vous serez invité.e.s à nous rejoindre dans ce beau défi à travers d’autres ballades natures et moments à partager.

1Voir https://fr.wikipedia.org/wiki/X%C3%A9robromion

Publié par Émilie Lapprand dans Association

Portraits de sociétaires dwatts – Bienvenue à Charlotte.

novembre 2024

Notre coopérative a passé le seuil symbolique des 200 sociétaires. Intéressons nous à celles et ceux qui nous ont rejoint récemment au sein de cette aventure coopérative : Charlotte Vailles, habitante de Die, a joué le jeu du portrait sous forme de questions-réponses rapides.

Pourquoi as-tu choisi de rejoindre dwatts ?

Charlotte Vailles

Cela faisait un moment que je voulais devenir sociétaire. En côtoyant plus souvent les équipes de dwatts dans les bureaux de l’Avant-Poste, j’ai mieux perçu ce que la coopérative faisait. Elle ne fait pas seulement de la production d’énergies renouvelables (sujet assez technique, où je ne voyais pas forcément ma place) mais réfléchit aussi à des questions de sobriété, et accompagne la montée en compétence des citoyen.ne.s sur les questions de transition écologique. J’ai passé le cap et pris des parts sociales.

La question de la réappropriation du sujet de l’énergie par les citoyen.nes à échelle locale, portée par dwatts, me paraît très importante. En effet, la transition énergétique nécessite des changements radicaux dans nos modes de vies (consommation, déplacement …), ce n’est pas uniquement une question technique (trouver des sources d’énergies alternatives aux fossiles). Cette transition ne peut pas « être imposée » par le haut : il faut se réapproprier les sujets, pouvoir être informé.e.s et devenir actrices et acteurs des changements nécessaires.

Comment vois-tu dwatts aujourd’hui  ?

Je vois la coopérative comme agissant concrètement à la fois sur la production d’énergies renouvelables et sur la réduction de la demande en énergie. Je vois aussi les actions de dwatts pour informer, faire monter en compétences sur le sujet énergie. Ces deux volets, faire et informer, sont complémentaires.

Je perçois aussi la dimension participative de dwatts, qui met les acteurs autour de la table – une autre condition indispensable pour réaliser la transition.

Cela se traduit notamment par son modèle coopératif. Par rapport à une entreprise classique, où la gouvernance et les bénéfices peuvent être captés par peu d’actionnaires, j’apprécie que dans le fonctionnement en SCIC1 les bénéfices soient réinjectés dans le projet et que les différentes parties prenantes participent aux prises de décision.

Est ce que au delà de dwatts, tu agis sur la transition ?

Oui par mon travail notamment. Je fais de la recherche sur les politiques publiques pour le climat avec I4CE – Institut de l’économie pour le climat. Son objet est de faire avancer l’action pour le climat, en créant de l’analyse sur les questions économiques afin d’alimenter les décideurs et le débat public.

Mon dernier projet2 consiste à évaluer dans quelle mesure les politiques publiques permettent aux gens de s’engager dans la transition écologique, notamment pour le logement (rénovation) et pour la mobilité (soit électrique, soit douce). La transition écologique ne pourra se faire que si tout le monde a accès à ces solutions, ce qui en pratique est encore souvent difficile pour les ménages modestes et les classes moyennes.

Je suis aussi co-présidente de l’Avant-Poste, tiers-lieu de la transition à Die, qui a pour but d’être une ressource pour les initiatives de transition dans le Diois.

De manière générale, l’écologie est un fil rouge qui guide de nombreuses décisions dans ma vie.

1 Société Coopérative d’Intérêt Collectif

2 Rapport octobre 2024 Observatoire des conditions d’accès à la transition écologique, édition 2024

Publié par Émilie Lapprand dans Coopérative

Dans la vallée de Quint, première saison de chauffe pour la « petite dernière » de dwatts

Octobre 2024

C’est notre sixième chaufferie citoyenne installée. La première saison de chauffe sur le site de l’Ancien Monastère de Sainte Croix a commencé. Alimentée par du bois déchiqueté local, cette chaudière bois de 110 kW remplace une chaudière fioul. La nouvelle installation permet d’économiser 1400 litres de fioul an et d’éviter 35 tonnes de Co2/an. La chaufferie a pleinement trouvé sa place dans ce lieu emblématique à l’entrée de la vallée de Quint.

Un lieu emblématique au service des transitions.

Le site de l’Ancien Monastère de Sainte-Croix est géré par une SCIC, Société Coopérative d’Intérêt Collectif. La SCIC Nouveau Monastère porte un projet d’envergure de sauvegarde et de développement de ce patrimoine vieux de neuf siècles. 

Une des finalités est de conforter son positionnement de véritable outil de développement local ancré sur son territoire diois et drômois, en Vallée de la Drôme au cœur de la Biovallée.

L’activité de ce centre international d’accueil est ouvert  de mars à décembre. Il propose des séjours résidentiels, en demi-pension ou pension complète ( repas à partir de produits de saison et locaux) pour des groupes jusqu’à 80-90 personnes. Dans la réhabilitation du patrimoine et l’entretien du bâtiment une attention à la transition énergétique est de rigueur.

Ainsi en 2022, la SCIC a ajouté à ses orientations un engagement dans une transition énergétique. Concrètement, avec dwatts, un système de chauffage performant et écologique a remplacé l’ancienne chaudière fioul . Des panneaux solaires pour de la production et auto-consommation électrique ont également été installés avec ACOPREV. La chaudière bois déchiqueté va chauffer le bâtiment , une salle annexe de 200 m2. Elle va fournir l’eau chaude sanitaire nécessaire aux espaces sanitaires et d’hébergement.  

Une coopération entre SCIC locales gagnante-gagnante.

Quand on interroge Frédéric Sauvage, le gérant, sur les motivations pour avoir fait appel à dwatts concernant l’installation et la gestion de cette nouvelle chaufferie, il nous répond que « Dans le cadre de la coopération, de la proximité géographique, d’échanges, de réflexions et de valeurs, il était logique que nous nous tournions la SCIC DWATTS. Nous sommes sociétaires également en parts croisées de nos structures. ». Les différentes proximités, de valeur, géographique, ont aussi rencontré une réalité financière plus pragmatique comme le précise M. Sauvage : « Dans une période post Covid économiquement complexe pour notre structure, le montage de tiers financement mis en place avec Dwatts nous a permis de lancer ce projet d’installation sans que cela ne pèse trop sur la trésorerie de notre Scic. ».

Les deux SCIC se retrouvent également au sein du mouvement coopératif de l’URSCOP. Elles organisent par exemple la formation « Bienvenue en SCIC ». Des temps de réflexions et d’échanges sur les approches coopératives commencent à s’organiser avec une première rencontre à l’échelle de la vallée de la Drôme le 15 novembre dernier. 

Finalement, dwatts profite de la dimension culturelle du lieu. Dans le cadre d’un festival sur notre lien à la nature, mis en place par l’association FESTIWILD, l’association a proposé de travailler à une meilleure intégration paysagère du  module « chaudière/silo bois ». Cela a amené à la réalisation in situ lors de la dernière édition en septembre, d’une fresque d’interprétation du milieu ( géologie, faune, flore). La fresque a été réalisée en matériaux naturels alliant argile, terre et bouse de vache...

🤩La chaufferie n’a jamais été plus belle . Ce projet d’intégration paysagère est en cohérence avec la valorisation des jardins et du parc.

Un lieu assez magique à deux pas de chez vous qui valorise artistiquement le bois énergie…. Est ce que cela ne vous donne pas envie d’aller faire un tour dans la vallée de Quint lors d’un des prochains évènements du Monastère  ? 😉

Quelques chiffres ….

Publié par Émilie Lapprand dans Bois-énergie

Implus’ER fête ses cinq ans !

septembre 2024

Début 2023, nous présentions dans un article l’historique sur les liens de notre coopérative dwatts avec Impuls’ER et détaillions le rôle de cette boite à outils dans l’ingénierie de projet et l’animation territoriale. En Septembre, Impuls’ER a fêté ses cinq ans. L’occasion cette fois, de partager avec les membres de son comité de direction pour faire un point sur les atouts d’Impuls’ER et se projeter dans la suite.

Échange avec Bruno Daniel, représentant de dwatts au Codir d’Impuls’ER

Je suis membre du directoire de dwatts depuis 2020. J’ai travaillé comme salarié d’Impuls’ER pendant trois ans pour développer l’activité bois-énergie (fourniture de chaleur clé en main). J’ai aujourd’hui changé d’activité professionnelle, mais continue à représenter la SCIC2 dwatts au Codir d’Impuls’ER.

Quels sont pour vous les atouts d’Impuls’ER, notamment pour le mouvement des énergies citoyennes ?

Impuls’ER permet à la SCIC dwatts de disposer d’une capacité importante à développer des projets EnR sur la vallée de la Drôme, sans supporter le risque associé à une équipe salariée de 8 personnes. Impuls’ER peut proposer des prestations à d’autres maîtres d’ouvrages, collectivités et entreprises du territoire mais aussi au-delà.

Cela permet qu’Impuls’ER ne soit pas uniquement dépendant de dwatts, tout en étant d’abord au service de la coopérative qui est son premier actionnaire. Impus’ER a largement permis le développement de dwatts ces dernières années et peut expérimenter / anticiper de nouvelles formes d’intervention pour notre coopérative (comme le CPE, contrat de performance énergétique, pour la rénovation thermique, ou l’étude de faisabilité pour une plateforme bois énergie).

Comment voyez vous Impuls’ER dans 5 ans ?

Dans 5 ans, Impuls’ER sera un acteur reconnu du développement EnR (énergies renouvelables) multi-filières sur la vallée de la Drôme, qui restera son bassin d’intervention privilégié. Sa zone de chalandise et sa prospection seront étendues aux départements limitrophes pour assurer un volant d’activité suffisant aux différentes filières (PV3 sol et éolien notamment). De nouvelles activités seront portées par Impuls’ER, comme la gestion d’une plateforme bois énergie, et l’activité de bureau d’études (PV, BE..) sera confortée par des certifications et des ressources.

Échange avec Emilien Boucher, représentant d’Enercoop Auvergne-Rhône-Alpes au Codir d’Impuls’ER

Je coordonne depuis sept ans l’activité  production chez Enercoop Auvergne-Rhône-Alpes (AURA), qui consiste à développer, construire, financer et exploiter des nouvelles installations de production d’électricité renouvelable pour alimenter les besoins des consommateurs Enercoop.

Je suis basé à Grenoble, et notre activité couvre toute la région AURA. Enercoop est un réseau de coopérative, avec plusieurs métiers, dont celui historique de fournisseur, mais aussi d’accompagnement des acteurs des territoires (collectivités, collectifs de citoyens) pour faciliter la mise en œuvre de nouveaux moyens de production.

Quels sont pour vous les atouts d’Impuls’ER, notamment pour le mouvement des énergies citoyennes ?

ImpulsER est né de la volonté de deux acteurs complémentaires, dwatts et Enercoop AURA, d’asseoir des compétences pour faciliter le développement de projets et de solutions pour accélérer la transition énergétique citoyenne.

Au delà du photovoltaïque, d’autres filières ont été développées comme le bois énergie, l’éolien, l’efficacité énergétique mais aussi la mise en œuvre de boucles d’autoconsommation collective. Cela permet d’avoir une structure centralisant des compétences larges, au service des énergies citoyennes, sur le territoire bien identifié, dans une approche professionnelle, au sens emplois salariés.

Comment voyez vous Impuls’ER dans 5 ans ?

ImpulsER va intervenir sur un territoire géographique plus important, au delà de la vallée de la Drôme, du territoire de dwatts. Cette boite à outil va aussi permettre à Enercoop AURA d’accélérer le développement de projets, notamment sur la filière éolien, avec l’ambition de voir émerger de nouveaux parcs, vraiment citoyen, sans nécessairement avoir à faire appel à des opérateurs privés classiques captant une bonne partie de la valeur des projets.

ImpulsER proposera ses services à d’autres acteurs citoyens dans un esprit de coopération et de complémentarité avec les acteurs du mouvement, et sera un exemple à suivre pour permettre un changement d’échelle nécessaire aux énergies citoyennes.

Échange avec Simon Mathieu, représentant d’Énergie Partagée au Codir d’Impuls’ER

Je suis responsable d’investissement chez Energie Partagée, depuis 2019. J’accompagne des porteurs projets qui ont vocation à réaliser des projets d’énergies renouvelables avec une implication forte du territoire et en ligne avec le label Energie Partagée.

Je suis basé à Grenoble, et j’interviens sur les régions Auvergne Rhône-Alpes et Bourgogne Franche-Comté. Énergie Partagée n’est pas actionnaire d’ImpulsER mais est sociétaire de dwatts et accompagne la structure depuis plusieurs années.

Quels sont pour vous les atouts d’Impuls’ER, notamment pour le mouvement des énergies citoyennes ?

Impuls’ER permet d’apporter une expertise technique nécessaire pour accompagner la réalisation de projet EnR et permet aussi de véhiculer les valeurs portées au sein de dwatts. Impuls’ER contribue à la professionnalisation du mouvement de l’énergie citoyenne et montre la voie à d’autre territoire dans la région et même dans toute la France.

Comment voyez vous Impuls’ER dans 5ans ?

Comme un expert technique reconnu sur un ensemble de thématiques de la transition énergétique permettant de contribuer fortement à la résilience d’un territoire.

Son action pourra dépasser le territoire du Diois et de la vallée de la Drôme afin d’accompagner et de coopérer avec d’autres territoires et acteurs de la région, tout en portant les valeurs de l’énergie citoyenne.

Sur la vallée de la Drôme, dwatts et Impuls’ER sont complémentaires. La première finance les projets et réunit les acteurs.trices du territoire qui se réapproprient leur énergie. La seconde est une cheville ouvrière. Nous sommes fiers d’avoir contribué à la création de compétences locales et citoyennes pour accélérer la transition énergétique et citoyenne.

Aujourd’hui Impuls’ER intervient sur la Drôme et l’ensemble des départements limitrophes. Ses compétences sont à la disposition des collectivités locales mais aussi des entreprises et des collectifs citoyens. N’attendons pas pour profiter de cette belle boite à outils !

ImpulsER

Codir d’Impuls’ER quézaco
Le comité de direction, ou Codir, réunit les actionnaires d’Impuls’ER à savoir dwatts et Enercoop AURA. Il peut également intégrer une (et une seule) autre partie prenante, aujourd’hui c’est le cas d’Énergie Partagée. Ce comité détermine les orientations stratégiques d’Impuls’ER et statue sur toutes les décisions importantes relatives à la société1.

1Valider le budget annuel, créer ou arrêter toute branche d’exploitation ou activité commerciale, décider tout recrutement salarié, décider d’agréer tout nouvel associé …

2société coopérative d’intérêt collectif

3photovoltaïque

Publié par Émilie Lapprand dans Développement, Promotion

Le bois-énergie : quel avenir dans la vallée de la Drôme ?

Edito d’Eric Belvaux, directeur bois-énergie, août 2024 : une fois n’est pas coutume !

La forêt française hexagonale est en progression régulière depuis des années mais elle doit faire face à des menaces qui la fragilisent : changements climatiques extrêmes, feux de forêt, maladies et ravageurs, déséquilibre de la biodiversité…

Notre territoire ne fait pas exception. Avec un taux de boisement et un accroissement en volume en constante progression1, nous disposons d’une ressource qu’il nous faut préserver en l’exploitant de façon raisonnée. Nous devons également considérer aujourd’hui que la capacité de stockage du carbone par nos forêts est en constante diminution.

Dans ce contexte, comment aborder la question du bois-énergie ? A dwatts, nous prenons cet ensemble de problématiques très à cœur et essayons de traiter chacune d’elles en les dissociant :

  • sylviculture vertueuse et traçabilité des exploitations,
  • chaufferie privilégiant des consommations réduites et des rejets de particules maîtrisés,
  • approvisionnement en circuits courts (entre la ressource en bois et le consommateur final),
  • contrats de fourniture de chaleur renouvelable qui permettent au maître d’ouvrage (collectivités, centres de vacances, maisons de retraite…) de diminuer leurs investissements en s’épargnant les opérations de maintenance,
  • interventions d’entreprises du territoire participant au développement de l’économie locale2

Dans les brèves de cette lettre d’information estivale, vous trouverez des éléments complémentaires avec la récente publication de l’Ademe sur les enjeux de la foret française et les questions qui se posent à nos concitoyens. Nous partageons également l’actualité du réseau national chaleur renouvelable citoyenne auquel nous participons au sein d’Énergie Partagée.

Notre objectif sur le territoire de la vallée de la Drôme : répondre aux besoins de chaleur qui représentent la moitié de la demande énergétique nationale, en substituant aux combustibles fossiles (fuel, gaz) , une ressource locale préservée dans son intégrité et sa disponibilité au bénéfice des générations futures.

Un objectif que nous sommes quelques-un(e)s à partager mais vers lequel nous aimerions « embarquer » plus de sociétaires de dwatts : rejoignez-nous !

Bonne lecture de cette lettre d’info estivale à retrouver en cliquant ICI.

1 Sources : IFN – inventaire forestier national, https://inventaire-forestier.ign.fr/, et Plan approvisionnement territorial de la Communauté de Communes du Diois 09/17

2 Exemple d’entreprise sociétaires dwatts : Plomberie du Diois et Combet énergie

Publié par Émilie Lapprand dans Bois-énergie

Portrait de sociétaires dwatts – Hembise et Vincent Lefort

août 2024

Hembise et Vincent Lefort sont sociétaires de la coopérative citoyenne d’énergies renouvelables dwatts au sein du collège des habitants et acteurs locaux. Ils ont été impliqués dans l’aventure à ses débuts. Ils suivent depuis le développement de dwatts.

Rencontre avec Vincent pour échanger avec lui sur son intérêt à l’énergie et sa vision de dwatts.

Depuis quand es-tu sociétaire et pourquoi as-tu choisi de rejoindre/participer à dwatts ?

2024-Hembise_Vincent_Lefort
Hembise et Vincent Lefort

Je suis aujourd’hui « jeune retraité » mais mon activité professionnelle a été importante dans mon lien avec dwatts. Nous avons été viticulteurs à Barnave avec Hembise ma compagne pendant 40 ans.

Quand nous avons choisi de produire du raisin pour la Clairette, cela était évident pour nous que se serait en bio. A l’époque, cela n’était pas très courant. Cet engagement était crucial pour nous car la culture de la vigne peut être assez polluante (utilisation de pesticides et herbicides).

Au delà de l’agriculture, je retrouve cet engagement écologique et politique sur l’énergie et au sein de dwatts. C’est une évidence pour moi que les sujets sont liées. En 2010, nous avons installé du photovoltaïque sur notre toit notamment sous l’impulsion de JP Brun, qui était un professionnel du secteur.

En parallèle à ce projet personnel, nous avions porté avec Jean-Pierre un projet global avec la cave Jaillance à Die, dont j’étais alors vice-président. Si l’installation des panneaux a été effective sur les toits de la cave, les idées plus abouties sur un projet global (ex utiliser une partie de la manne financière de ces panneaux pour porter d’autres projets énergie comme la climatisation solaire) n’a pas pu voir le jour. C’est à ce moment là qu’on s’est rencontré avec Jean-Baptiste Boyer, aux alentours 2015. le premier « comité » dwatts, qui réunissait une dizaine de personnes, émergeait.

Comment vois-tu dwatts aujourd’hui  ?

Ces dernières années, j’ai surtout suivi les activités de dwatts à travers les AG et les personnes que je connais plus personnellement en son sein. J’ai beaucoup de respect pour le travail mené et pour la façon dont la coopérative a su se développer (par exemple avec la création d’Impuls’ER).

Nous profitons du tiers-investissement proposé par dwatts, avec toitures partagées, sur le seul espace libre qui restait… à savoir une grange devenue la maison de mon fils.

Toitures partagées, Barnave

Le mot central, qui parle pour moi de dwatts, c’est « énergie citoyenne ». C’est une dynamique que j’essaie de partager notamment au sein de mes collègues du monde agricole. Ces derniers subissent un démarchage pour l’installation de panneaux de la part d’entreprises « classiques ». Si le volet coopératif peut parler, je vois qu’au final cela correspond peu à leurs univers. Peu de collègues agriculteurs se préoccupent directement de participer à la production d’énergie. Ils voient avant tout l’intérêt financier (loyer, construction bâtiment). C’est une vraie interrogation de ma part. Comment transmettre l’intérêt de la démarche collective de dwatts à mes collègues du monde agricole ? Comment est ce que la coopérative pourrait être plus reconnue dans ce monde là ? Par exemple, l’achat d’énergie en autoconsommation collective me paraît aussi très intéressante pour eux.elles.

Comment vois-tu la coopérative dans 5 ans ?

Je suis confiant sur le fonctionnement de dwatts, qui me semble bien cadré financièrement.

Je m’interroge sur le lien avec le territoire. Les élu.e.s travaillent le sujet de la sobriété et de la production d’énergie. Cependant le potentiel et les enjeux me paraissent très forts. Comment amplifier et renforcer les projets ? Par exemple, est ce que les élu.e.s peuvent rendre obligatoire l’installation de panneaux photovoltaïques pour l’obtention d’un permis de construire, notamment dans les ZAC (zone d’activité commerciale) ?

L’expertise de dwatts me semble bonne et bien perçue. Comment l’utiliser pour répondre à ce potentiel ? Dans le Diois notamment, sur les toits des bâtiments agricoles ou industriels, ce potentiel apparaît sous-utilisé.

Quelle.s réflexion.s également avoir sur l’installation raisonnable de panneaux photovoltaïques au sol dans certaines zones (ex : des talus en friche) ? Des contraintes en découlent, c’est sûr. Mais est ce que si cette électricité produite est pour les locaux, cela ne serait pas plus acceptée ? Cela rejoint le cœur de dwatts à travers la vente de l’électricité produite en direct avec l’autoconsommation collective.

Finalement, par rapport au monde agricole, qui a pendant des générations de paysan.ne.s, été dans une démarche d’auto-production alimentaire mais aussi énergétique ( ex : micro station hydroélectrique), comment retrouver cette démarche ? Bien sur le faire seul.e sur sa ferme est aujourd’hui décalé, mais comment participer plus collectivement à la production d’énergie ?

Ma propre énergie @Energie Partagée – Audrey Collomb
Ma propre énergie @Energie Partagée – Audrey Collomb
Publié par Émilie Lapprand dans Coopérative

L’énergie en commun avec l’autoconsommation collective

juillet 2024

Cela fait bientôt deux ans que l’autoconsommation collective (ACC) a débarqué chez DWATTS. D’abord mise en place sur l’habitat partagé de Montmartel (Saillans), nous avons lancé une deuxième opération sur le Pays Diois en juillet 2023, avec de premiers retours à grande échelle. Pour fêter cette première bougie de l’opération Dioise, nous souhaitions partager avec vous l’état de nos avancées. L’ACC est un outil pour faire accéder le territoire à une énergie locale, renouvelable et citoyenne tout en dégageant des moyens pour plus de sobriété.

Principes de base de l’autoconsommation collective et bilan Pays Diois

L’autoconsommation collective, c’est (vous vous en rappelez) ce principe qui permet de mettre en place un circuit-court de l’énergie en proximité. Comme vous iriez récupérer votre panier de légumes au maraîcher.ère du coin puis compléter au magasin, vous pouvez désormais acheter de l’électricité produite par dwatts et compléter avec votre fournisseur habituel.

Démarrée il y a un an sur le triangle Châtillon-en-Diois / Die / Luc-en-Diois, l’opération dessert aujourd’hui une bonne vingtaine de points de consommation grâce à deux sites de production (Nateva à Die et le bâtiment de Sébastien Michel à Luc-en-Diois) pour une puissance totale de 387 kWc.

De juillet 2023 à 2024, 89 % de la production a pu être vendue en direct aux consommateurs associés (Mairie de Die – pour les bureaux mais aussi la station d’épuration, le camping …-, Nateva, l’Espace Social et Culturel du Diois, La Carline, Enedrom – Combet Énergies, la brasserie Après l’Orage, le tiers-lieu l’Avant-Poste…et quelques particuliers qui hébergent nos toitures) ce qui a représenté plus du quart de leur consommation !

Production opération Pays Diois - 07-23 à 06-24
Production opération Pays Diois – 07-23 à 06-24
Consommation opération Pays Diois - 07-23 à 06-24
Consommation opération Pays Diois
07-23 à 06-24

État du développement autoconsommation collective et perspectives de couverture

Ces résultats très encourageants nous amènent à considérer dorénavant tous nos projets comme alimentant potentiellement des boucles d’autoconsommation. Nous faisons évoluer en conséquence les périmètres où nous pouvons proposer ces schémas d’intervention.

Avec la mise en service fin avril de la deuxième tranche de Vincent Livron Solaire, une nouvelle opération «  Confluence » a vu le jour en juin sur Livron-Loriol-Allex-Grâne et Clisousclat. Elle est portée conjointement par dwatts, le groupe industriel Vincent et la Société d’économie mixte du Val de Drôme.

Opérations ACC dwatts - 07-24
Opérations ACC dwatts – 07-24

Les 3 opérations couvrent une partie substantielle de la vallée de la Drôme. Nous espérons bien pouvoir proposer à toutes et tous ce dispositif d’ici la fin d’année 2025, notamment grâce à des projets de grande taille (> 600 m² ) à Allex, Aouste-sur-Sye, et Montoison pour le bas de la vallée et à Bellegarde-en-Diois pour le Haut-Diois. Ces installations principales seront rejointes par de plus petites permettant tout de même de garder un prix de l’énergie compétitif.


Par ailleurs, nous travaillons à intégrer également des producteurs tiers dans ces opérations afin de pouvoir rediriger les flux énergétiques au profit du territoire.

Dans la même veine, l’accent coté consommation a pour l’instant été mis vers les entreprises et les collectivités, mais nous essaierons prochainement d’intégrer des particuliers. Pour des questions de gestion, il était en effet difficile d’accueillir tous les profils de clients dès le lancement des opérations. Après consultation des sociétaires, nous avons choisi de de privilégier les acteurs.trices qui contribuent à la vie du territoire et qui ne bénéficient pas de la protection des tarifs réglementés, c’est à-dire les collectivités et les entreprises.

Alimenter notre résilience territoriale tout en consolidant la sobriété et la solidarité

Ces opérations ont énormément d’avantages. Premièrement, elles permettent aux consommateurs de faire des économies en sortant des logiques de marchés internationaux. Deuxièmement, elles permettent aux producteurs de mieux valoriser leur production. Ces deux points permettent ensemble de massifier la transition énergétique en facilitant le déploiement des énergies renouvelables.

Le dernier avantage que nous y ajoutons suite à notre concertation sociétaire : l’autoconsommation collective finance les économies d’énergie et les actions de solidarité. En effet, le parti pris de la coopérative est de prélever une partie de l’excédent généré pour financer ces deux actions sans lesquelles il n’y a pas de transition énergétique.

Envie de participer ? Pour cela une seule façon de s’y prendre : commencer par nous contacter. Vous pourrez nous faire part de votre projet de toiture photovoltaïque1 qui pourrait intégrer une opération ou bien nous signaler votre intérêt pour rentrer dans une boucle. Si vous ne pouvez pas tout de suite intégrer une opération, vous pourrez devenir sociétaire et rejoindre une opération dès que cela sera possible !

On vous attend nombreux.ses !

1Construite ou à construire.

Publié par Émilie Lapprand dans autoconsommation