La fête des possibles, dans le vent, au pied des éoliennes

Le 16 septembre dernier, pour la fête des possibles, dwatts et l’association « Sous les éoliennes » ont organisé des visites guidées sur le parc éolien de la Seauve à La Roche sur Grâne. Une cinquantaine de personnes a pu se promener en famille au pied des cinq éoliennes. Une belle occasion de mieux comprendre le fonctionnement du parc éolien et ses interactions avec l’environnement ….

Combien les éoliennes produisent-elles d’électricité ?

Le vent du sud était faible le jour de la visite mais les éoliennes tournaient, et produisaient même à faible puissance. En effet, elles commencent à produire avec des vents d’environ 9 km/h et atteignent leur puissance maximale à partir de 54 km/h. Elles sont mises à l’arrêt pour des raisons de sécurité lorsque la vitesse du vent dépasse 122 km/h.

Au cours de l’année 2022, 1er année complète de fonctionnement, le parc a produit 27 400 MWh ( suivi national de la production d’électricité avec éCo2mix). Cela représente environ 15 % de la consommation d’électricité de la Communauté de Communes du Val de Drôme en Biovallée, un bassin de vie de 30 000 personnes (tout usage confondu, industriel, tertiaire, résidentiel, agricole).

C’est toutefois 8 % de moins que le productible prévisionnel de l’ordre 30 000 MWh par an (30 millions de kWh). Pourquoi un tel écart ? Les éoliennes ont dû être arrêtées près d’un quart du temps, essentiellement pour des raisons environnementales et principalement la nuit.

Quelles mesures ont été prises pour protéger les oiseaux et les chauves-souris ?

La zone d’implantation s’inscrit dans un couloir de migration des oiseaux. Pour éviter une ligne d’éoliennes qui pourrait faire obstacle au passage des oiseaux migrateurs, les machines ont été réparties dans la pente. Elles y produisent moins qu’en crête : en 2022, l’éolienne la plus basse a produit 1 825 MWh de moins que l’éolienne la plus haute, soit un écart de 28 %. Suivant cette implantation, elles n’occupent que 500 m de largeur sur le couloir migratoire ce qui limite les risques de perturbations.

Par ailleurs, en tant qu’installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE), le parc éolien fait l’objet d’un suivi environnemental par un bureau d’étude indépendant pendant 3 ans après sa mise en service puis tous les 10 ans afin d’estimer les impacts du parc sur les oiseaux et les chauves-souris. L’enregistrement de l’activité des chauves-souris au niveau de la nacelle et le contrôle de leur mortalité font partie de ces suivis. Ils ont permis de définir quelles conditions étaient favorables au vol des chauves-souris à proximité des éoliennes (la nuit et le crépuscule, les vents faibles, les températures douces, l’absence de pluie).

Parc de la Seauve

Pour réduire les risques de collision et de barotraumatisme1, un plan de bridage a été mis en place suivant ces conditions, avec arrêt complet des machines. Ces mesures ont permis de diviser par 4 la mortalité des chauves-souris entre 2021 et 2022.

Qu’en est-il des impacts acoustiques des éoliennes  ?

Lors de la visite, le vent était faible (de l’ordre de 15 km/h). Les visiteurs ont pu échanger leur perception du bruit directement sous les éoliennes. A leur pied, on pouvait distinguer un bruit de nature aérodynamique (grave et de faible intensité) lié au frottement des pales dans l’air et un bruit lié à l’électronique de puissance à la base des mats des machines. Les deux bruits n’étaient plus perceptibles en s’éloignant d’une centaine de mètres.

Et si le vent avait été plus fort ? La plupart du temps, le vent dans les arbres et sur les obstacles émet un bruit de même nature que celui des éoliennes ; il agit comme un masque acoustique pour les habitations les plus proches, toutes situées à plus de 500 m. Parfois, dans certaines conditions météorologiques, les machines génèrent un bruit ambiant supérieur au bruit environnant les maisons sans les éoliennes. Ces émergences ne peuvent dépasser un certain niveau réglementaire2. Pour s’en assurer, des études ont été réalisées par des bureaux d’études spécialisés afin d’évaluer l’impact sonore pour les riverains3 . Si nécessaire,

le plan de bridage «  acoustique » mis en place par l’exploitant consiste donc à limiter la puissance des machines (et la vitesse de rotation des pales) aux vitesses de vent intermédiaires par certains régimes de vent du sud, lorsque les éoliennes s’entendent le plus et présentent des dépassements d’émergence significatifs. En pratique, cela permet d’assurer une tranquillité des riverains, notamment pendant la période estivale. Cette limitation en puissance a conduit à une perte de production d’électricité de l’ordre de 1%.. Pour les plus curieux, des informations complémentaires sur le fonctionnement général des éoliennes sont notamment disponibles sur le site « Décrypter l’énergie » .

Visite Amanins 16-09-23

Lors de cette première participation à la Fête des possibles, dwatts avait aussi prévu une visite aux Amanins pour parler photovoltaïque autour de la toiture de la bergerie. Une vingtaine de personnes étaient également présentes sur cette seconde thématique.

L’intérêt des citoyen.ne.s est donc bien là pour la transition énergétique ! Nous sommes convaincus qu’en comprenant mieux le fonctionnement des différentes installations, nous pourrons ensemble permettre le développement d’installations éoliennes, photovoltaïques, ou bois-énergie qui respectent les enjeux environnementaux et sociaux de notre territoire.

C’est dans cet optique que dwatts organise des espaces d’échanges et d’apprentissage collectif comme les portes ouvertes du 16/09. N’hésitez pas à nous contacter si vous êtes intéressés , nous avons plusieurs cordes à notre arc pour aborder de manière conviviale et ludique les questions énergétiques. Vous pouvez également participer à des groupes de travail thématiques qui permettent d’échanger, de mieux comprendre les enjeux, et d’orienter les décisions prises au sein de la coopérative.


1Le barotraumatisme renvoie aux lésions internes causées par les brusques changements de pression dans l’air liés aux mouvements des pales

2L’émergence globale dans un lieu donné est définie par la différence entre le niveau de bruit ambiant et le niveau de bruit résiduel. Elle ne doit pas dépasser 5 décibels de jour et 3 décibels de nuit

3Des mesures ont été réalisées près des maisons les plus proches du site, avec les machines en fonctionnement et à l’arrêt pour les différentes vitesses et directions de vent.