Aux WATTS citoyens !

Plaidoyer pour une (ré)appropriation citoyenne et populaire de l’énergie

Edito de Pierre-Julien Cournil, directeur communication et mobilisation, lettre info juillet 2023.

L’énergie est une chose décidément bien étrange. Lorsqu’on l’invoque de quoi parle-t-on ? ll y a l’Énergie (avec un grand E). Il y a les énergies fossiles, les renouvelables, et même les « fatales ». Il y a des énergies, verte, grise ou noir. Il y a l’énergie solaire, éolienne, marémotrice, hydraulique, géothermique…

La carbonée et la décarbonée. La mécanique, la cinétique, l’électromagnétique et l’électrique en passant par la thermique. Il y a « E= mc² ». Les énergies pilotables, les intermittentes.

Il y a la crise, la transition, le bouclier, l’approvisionnement, la rénovation et les boissons énergétiques (paraîtrait même qu’il y a de l’effacement…). Il y a les énergies citoyennes et partagées, et tant d’autres encore.

Nous en entendons parler à longueur de journée. Elles alimentent les batailles d’experts comme les débats avec la belle-famille. Elles sont partout et nulle part à la fois. Alors, je vous repose la question : « Énergie(s) », de quoi parle-t-on ? Faut-il vraiment être un expert pour y comprendre quelque chose ? Qu’est-ce que ça veut dire « s’approprier l’énergie » ? Pourquoi devrait-on le faire ?

Ma propre énergie @Energie Partagée – Audrey Collomb
Ma propre énergie @Energie Partagée – Audrey Collomb

Un monde d’énergies … fossiles de préférence.

L’idée, et le mot « énergie » nous vient tout droit du grec ancien, « ἐνέργεια / enérgeia ». Il signifie simplement « force en action ». Nul besoin d’être spécialiste pour se rendre compte que notre réalité n’est composée que de « force en action », donc d’énergie. Elle est partout.

Nous y avons recours à chaque instant, consciemment et plus souvent inconsciemment : un véhicule qui se déplace, des pâtes qui cuisent, une bière qu’on rafraîchit au réfrigérateur, un téléphone qui sonne, un film en streaming… Sans énergie, il n’y a rien que des choses inertes et immuables.

C’est précisément pour cette raison que le pouvoir de l’énergie est si grand : parce qu’elle est l’Agent transformateur du monde. Ce constat vaut pour le façonnement des paysages autant que pour nos sociétés. Il suffit de jeter un œil en arrière, et regarder avec quelle intensité les énergies fossiles, et notamment le pétrole et le charbon ont révolutionné la vie des humains et redessiné les organisations sociales.

Que constatons-nous ? Que notre monde a été bâti par et pour les énergies fossiles. Que peu de choses résistent à l’épreuve des révolutions énergétiques. Nos sociétés toutes entières se fondent, se forment et se conforment à leurs sources d’énergies et aux manières que nous avons de les utiliser. De la répartition territoriale de nos équipements de santé publique, à la morphologie de nos villes et de leurs banlieues, en passant par nos pratiques récréatives et de loisirs, sans oublier l’organisation du travail, rien n’échappe aux contraintes mais également aux opportunités permises par l’énergie.

Une histoire prométhéenne, une affaire de choix : périr ou réenchanter la société

Quelle chance avons-nous de pouvoir compter sur ces ressources miraculeuses, véritables condensés d’énergie, que sont le pétrole, le charbon et le gaz (principalement). A elles seules, les énergies fossiles couvrent plus de 80% de nos besoins énergétiques (mondiaux) et plus de 60% pour la France (source : Ministère de la Transition énergétique).

Sans elles nous ne pourrions pas faire plus de la moitié de nos actions quotidiennes Si seulement leur utilisation ne dégageait pas ces maudits gaz à effet de serre, si leur extraction ne dégradait autant notre environnement comme nos relations internationales, et si leur économie n’était pas si socialement injuste, nous pourrions dormir sur nos deux oreilles pour encore des décennies (jusqu’à l’épuisement des stocks !).

Car nous le savons bien désormais, si nous ne voulons pas rôtir en emportant une bonne partie du vivant avec nous, nous n’avons d’autre choix que de révolutionner à nouveau notre rapport à l’énergie. Nous l’avons déjà fait, nous pouvons donc le refaire. Cette énergie qui peut nous perdre peut aussi nous sauver.

Changer le monde par les énergies citoyennes : pourquoi ?

Ma propre énergie @Energie Partagée – Audrey Collomb
Ma propre énergie @Energie Partagée – Audrey Collomb

Aujourd’hui encore, avoir recours à l’énergie dans notre quotidien est un acte trop souvent inconscient, désincarné. On appuie sur le bouton, la lumière s’allume. On décroche la pompe, on remplit le réservoir, la voiture est repartie pour quelques kilomètres. On fait le plein de courses, on pourra nourrir la famille une semaine de plus. D’où provient cette électricité, ce carburant, cette alimentation ? Quels sont les conditions de vie et de travail des femmes et des hommes qui les ont produits ? Quel a été leur impact sur notre environnement ?

Derrière ces comportements anodins se dessinent (et parfois se cachent) tous les plus grands maux de notre temps. Nous savons bien que chacun de ces gestes concoure et contribue à nous perdre. Pourtant, en matière d’énergie, le doute n’est plus permis. Car, même si celles-ci ne sont pas parfaites (et nous en sommes bien conscient à dwatts), nous avons les alternatives qui nous permettent, si ce n’est de nous remettre dans le droit chemin, tout du moins de nous sortir de l’ornière (ce qui n’est déjà pas rien).

Changer le monde par les énergies citoyennes : comment ?

Dans cette révolution qui s’annonce, nous appelons à nous réapproprier l’énergie. Qu’est ce que ça veut dire ? Tout simplement connaître, comprendre et agir. Connaître nos consommations d’énergies, savoir de quelles sources elles proviennent et être conscient d’y faire appel. Comprendre quels sont les impacts induits (sur l’environnement – le vivant, les humains et nos sociétés) par nos consommations et par les différents modes de production d’énergie. Et agir en conséquence, en opérant des choix éclairés, pour mettre en adéquation nos aspirations et nos actes.

Pour ce faire les énergies citoyennes sont porteuses de changements radicaux. De quoi s’agit-il ? Tout simplement de l’énergie (renouvelable s’il vous plaît) gérée et produite par et pour des citoyens, des entreprises et des collectivités. Autrement dit, il s’agit de mettre les moyens de productions énergétiques entre les mains des principaux bénéficiaires (et de leur en assurer l’essentiel des bénéfices). De cette façon, les choix et la stratégie à mettre en œuvre pour assurer l’approvisionnement et la transition énergétique sont définis par les premiers concernés.

Ma propre énergie @Energie Partagée – Audrey Collomb
Ma propre énergie @Energie Partagée – Audrey Collomb
Ma propre énergie @Energie Partagée – Audrey Collomb
Ma propre énergie @Energie Partagée – Audrey Collomb

N’est-on pas plus soucieux d’une chose lorsqu’on en a la responsabilité (et qu’on en récolte les fruits) ? A quoi ça sert ? Primo, à rendre tangible et à incarner les questions énergétiques pour tout un chacun de manière concrète. Secundo, ni plus ni moins qu’à décentraliser notre système énergétique de manière à permettre, in fine, aux citoyens de décider du modèle de société qu’ils souhaitent. C’est donc s’octroyer la capacité de transformation du monde. En matière d’impact social on n’a pas fait mieux. C’est tout l’enjeu des énergies citoyennes : comment produire de l’énergie ensemble et pour quoi faire.

NON l’énergie n’est pas un sujet réservé aux experts. OUI, l’énergie est LA clef pour construire une société plus juste, plus solidaire et respectueuse du vivant.

OUI les énergies citoyennes peuvent concourir à redessiner nos modes de vie et les rendre compatibles avec une planète habitable. OUI nous pouvons le faire ! Que cette lettre d’info contribue à vous en convaincre et à nous rejoindre.

Alors aux WATTS citoyennes et citoyens !

Lettre d’info complète ICI.